Appel à communication pour le congrès annuel de la Société allemande d’étude du dix-huitième siècle (DGEJ) qui aura lieu à l’Université d’Augsbourg, les 8, 9 et 10 septembre 2022

L’héritage des Lumières : actualités, historiographies et relectures

Das Erbe der Aufklärung: Aktualität, Historiographie und Re-Lektüren

organisation : Rotraud von Kulessa, Vanessa de Senarclens

(Date limite de réception des propositions : 30 novembre 2021)

Dans le débat public actuel, la référence aux « Lumières » fuse de toutes parts, en Europe mais aussi aux États-Unis. Même la chancelière allemande, plutôt connue pour son penchant pour les sciences exactes, a évoqué, dans le contexte de la crise pandémique en décembre 2020 devant un forum d’étudiants, l’« Aufklärung » comme un héritage façonnant sa « vision du monde » et son « mode de vie ». En France, c’est surtout la figure de Voltaire qui domine les discussions. Après l’attentat contre le magazine Charlie Hebdo en 2015, son Traité sur la tolérance (1763) connut un immense succès de librairie et son portrait fut placardé dans les rues en défense des sociétés ouvertes et tolérantes. Au soir de son élection à la présidence française, le 7 juin 2017, Emmanuel Macron a solennellement invoqué « l’esprit des Lumières ». Pendant la présidence de Donald Trump (2017-2021), les Lumières ont été accaparées par le combat contre « les faits alternatifs ». A grand renfort de données et de graphiques, Steven Pinker plaidait dans Enlightenment Now. The Case for Reason, Science, Humanism, and Progress (2018) pour le progrès par les sciences et prenait à témoin le succès des Lumières: « the Enlightenment has worked ». Après les émeutes au Capitol le 6 janvier 2021, le démocrate Jamie Raskin citait Voltaire pour demander la destitution du président sortant. Recherches savantes à l’appui, la citation s’est avérée avoir été attribuée à tort à Voltaire (Cronk 2021) ; elle fut néanmoins largement diffusée et reproduite comme emblème d’une lutte.

Pourtant, en dépit de ces exemples, la référence aux Lumières ne fait pas l’unanimité. Aux États-Unis surtout se font entendre des vives critiques. Avec les mots d’ordre « Decolonize the Curriculum » ou « Cancel Culture », des polémiques sur le colonialisme, l’impérialisme et le genre se font entendre, notamment dans les universités, où la légitimité de nombreux auteurs canoniques du dix-huitième siècle est radicalement remise en question. Voltaire n’était-il pas un antisémite et, avec ses investissements dans le commerce des colonies, un profiteur? Et Rousseau un misogyne qui préconisait de limiter la sphère des femmes au seul foyer et à l’éducation des enfants ? Quant à Kant, n’était-il pas un raciste ? Par ailleurs, la prétention universaliste des « Lumières » est lue et réinterprétée comme une idéologie fatale, responsable du colonialisme.

Plus que l’Antiquité, plus que la Renaissance ou le Romantisme, les Lumières suscitent des identifications mais aussi de violents rejets. Dans la critique contemporaine, le recours aux « Lumières » sert de faire-valoir et de repère pour penser le rapport du présent au passé mais aussi pour formuler des projets d’avenir. L’actualité des « Lumières » n’est cependant pas récente : elle a elle-même une longue histoire. Dès le début du XVIIIe siècle (Spector 2009/ Edelstein 2010) et, plus nettement encore, après la Révolution Française, la métaphore des « Lumières » (Delon 1976/ Zelle 2002) a joué un rôle structurant dans les débats idéologiques de la modernité en France d’abord, mais bientôt aussi dans toute l’Europe. Comme l’a récemment montré Antoine Lilti (2019), la transformation des Lumières en un simple objet historique pouvant être mis à distance et étudié sans état d’âme ni passions est, jusqu’à présent, restée incomplète. Le recours à des « concepts » de Lumières (Ricuperati 2002 / Fulda 2013) conduit à des simplifications, des slogans, des « réifications rétrospectives » (Clark 2011) et des « anachronismes » (Pečar, Tricoire 2015). Il engage cependant aussi un processus créatif d’appropriations, de traductions, d’adaptations et de « constructions » et de reconstructions (Saläun, Schandeler 2018), qui fait émerger différents récits, en fonction des langues, des cultures et des contextes historiques.

Axes de réflexion et questions

Le congrès cherche à interroger – dans une perspective diachronique et interdisciplinaire – les différentes manières avec lesquelles « les Lumières » ont été et continuent d’être historicisées et actualisées. Des contributions touchant aux questions suivantes seront particulièrement bien bienvenues:

Les Lumières dans l’actualité : Quel rôle joue la référence aux Lumières dans le discours public actuel dans les différents pays de l’Europe et du monde ? La référence aux Lumières est-elle un réflexe occidental ou joue-t-elle également un rôle dans d’autres régions du monde et dans quels contextes?

Historiographie des Lumières : Peut-on identifier des époques et des ruptures dans l’historiographie des Lumières ? Quelles œuvres ont joué un rôle fondamental ? On pense, par exemple, à la Philosophie des Lumières de Cassirer, publiée à Tübingen en 1932, dans laquelle l’auteur propose, à la veille de l’avènement du régime nazi, que la société « se tende à nouveau à elle-même le miroir clair et lumineux » que « l’époque des Lumières a créé ». Quel est le rôle des Lumières dans l’historiographie du dix-huitième  siècle, à la fois comme un héritage à invoquer, mais aussi à répudier, comme le montrent tant les penseurs conservateurs que ceux élaborant les théories critique et postmoderne au vingtième siècle?

Lumières et Europe : Quel rôle le recours aux Lumières joue-t-il dans le discours sur l’Europe ? Comme un moment fondateur de la modernité (Lottes 2011/ Todorov 2006/ Pagden 2013) ou comme l’expression d’un modèle européen spécifique à relativiser (Conrad 2012), « provincialiser » (Chakrabarty 2000), voire même rejeter (Mbembe 2013) ?

Relectures des Lumières dans la littérature, le cinéma et les arts : Comment les Lumières sont-elles actualisées, conceptualisées, adaptées dans la littérature contemporaine, mais aussi dans le cinéma, sur la scène et même dans les arts graphiques, caricatures et bandes dessinées comprises?

Appel à candidature :Les communications pourront être présentées en français, en allemand et en anglais. Nous encourageons les jeunes chercheurs à candidater. Veuillez nous envoyer le titre de votre présentation ainsi qu’un résumé (max. 3 000 caractères, espaces compris) et une brève notice bio-bibliographique avant le 30.11.2021 à l’adresse électronique suivante senarclv@hu-berlin.de.

Le remboursement des frais de voyage et de séjour est prévu, mais conditionné aux financements obtenus par les organisatrices du congrès. Les participants qui ne sont pas membres de la Société allemande d’étude du dix-huitième siècle (DGEJ) devront s’acquitter des frais d’inscription qui s’élèvent à 25 €.

Das Erbe der Aufklärung: Aktualität, Historiographie und Re-Lektüren

Jahrestagung der Deutschen Gesellschaft für die Erforschung des 18. Jahrhunderts (DGEJ)

Leitung: Rotraud von Kulessa, Vanessa de Senarclens

Veranstaltungsort: Universität Augsburg

vom-bis: 8.09.2022 – 10.09.2022

Der Verweis auf „die Aufklärung“ wird in der gegenwärtigen öffentlichen Debatte von allen Seiten hergestellt – in Europa, aber auch in den Vereinigten Staaten. Selbst die eher naturwissenschaftlich geprägte deutsche Bundeskanzlerin berief sich am 15. Dezember 2020 auf das „Erbe der Aufklärung“, das ihr „Weltbild“ und ihre „Art zu leben“ präge. In Frankreich dominiert vor allem die Figur Voltaire in der Diskussion. Nach dem Attentat auf die Satirezeitschrift Charlie Hebdo 2015 wurde sein Traité sur la tolérance (1763) zum Kassenschlager und sein Konterfei das Symbol zur Verteidigung toleranter offener Gesellschaften. In seiner Rede nach seiner Wahl zum französischen Staatspräsidenten am 7. Juni 2017 beschwor Emmanuel Macron feierlich „den Geist der Aufklärung“, den es zu verteidigen gelte. Während Donald Trumps Präsidentschaft (2017-2021) wurde „the Enlightenment“ gar zu einem Kampfbegriff gegen „alternative facts“. In Enlightenment Now. The Case for Reason, Science, Humanism, and Progress 2018 demonstrierte Steven Pinker anhand von Daten, Diagrammen und Statistiken, wie Aufklärung funktioniert („the Enlightenment has worked“) und warb für Fortschritt durch Wissenschaft. Jamie Raskin zitierte Voltaire in seiner Anklage in der Sitzung des amerikanischen Senats, als dort über das zweite Impeachment von Präsident Trump nach den Ausschreitungen am Capitol Hill am 6. Januar 2021 zu entscheiden war. Das Zitat erwies sich später als eine Voltaire nur unterschobene Äußerung (Cronk 2021), wurde aber dessen ungeachtet weit verbreitet und wie das Emblem eines Kampfes reproduziert.

Doch gerade aus Amerika hört man hinsichtlich der Aufklärung auch kritische Töne. Der Verweis auf „die Aufklärung“ ist eben nicht einhellig positiv, sondern ambivalent; er eröffnet verschiedene Argumentationsstränge. Mit Stichworten wie „Decolonise the Curriculum“ oder „Cancel Culture“ werden vor allem an den Universitäten heftige Polemiken über Rasse, Kolonialismus, Imperialismus und auch über Gender geführt, bei denen die Legitimität von manchen kanonischen Autoren des 18. Jahrhundert radikal in Frage gestellt wird. War Voltaire nicht ein Antisemit und mit seinen Aktien ein Profiteur des Kolonialhandelns? Und Rousseau ein Misogyn, der dafür plädierte, die Frauensphäre auf das Zuhause und die Kindererziehung zu beschränken? Und war Kant nicht ein Rassist? Ferner noch wird der universale Anspruch der „Lumières“ als fatale Ideologie gedeutet, der auch für den Kolonialismus verantwortlich gewesen sei.

Mehr als die Antike, mehr als die Renaissance, der Barock oder die Romantik ruft die Aufklärung starke Identifikationen aber auch Ablehnungen hervor. Der Rückgriff auf die „Aufklärung“ dient der Zeitkritik als Reflexionsfolie und Bezugspunkt im Verhältnis zur Vergangenheit aber auch zur Zukunft. Doch ist die Aktualität der „Aufklärung“ keine Erfindung unserer Zeit; sie hat selbst eine lange Geschichte. Schon Anfang des achtzehnten Jahrhunderts (Spector 2009/ Edelstein 2010) und noch deutlicher nach der Französischen Revolution spielte die Lichtmetapher der „Lumières“ (Delon 1976 / Zelle 2002) in Frankreich zuerst, aber bald danach auch in ganz Europa eine strukturierende Rolle bei den ideologischen Auseinandersetzungen der Moderne. Die Transformation der Aufklärung in ein rein historisches Objekt, das – gleichsam distanziert – wissenschaftlich erforscht werden kann, ist bislang unvollständig geblieben, wie Antoine Lilti kürzlich (2019) ausführlich gezeigt hat. Der „Gebrauch von Epochenbegriffen“ (Ricuperati 2002/ Fulda 2013) führe zu Vereinfachungen, Slogans, „retrospektiver Verdinglichung“ (Clark 2011) und „Anachronismen“ (Pečar, Tricoire 2015). Sie führt aber auch zu einem produktiven Prozess von Aneignungen, „Konstruktionen“, Übersetzungen und Adaptierungen (Saläun, Schandeler 2018), die sich je nach Sprach- und Kulturraum und historischen Kontexten unterschiedliche Re-Formulierungen, Gründungserzählungen und Selbstdefinitionen hervorbringen.

Reflexionsachsen und Fragen

Im Rahmen der Tagung soll – in diachroner und interdisziplinärer Perspektive – das breite Spektrum reflektiert werden, mit dem „die Aufklärung“ historisiert und immer wieder von neuem aktualisiert wurde und wird. Beiträge zu folgenden Fragestellungen werden erbeten:

Aufklärung in der Aktualität: Welche Rolle spielt der Bezug auf die Aufklärung im gegenwärtigen politischen-öffentlichen Diskurs in den unterschiedlichen Ländern Europas und der Welt? Ist z. B. der Rekurs auf die Aufklärung ein Reflex des Westens, oder spielt er auch in anderen Regionen der Welt eine Rolle, ungeachtet deren anderen politischen Traditionen?

Historiographie der Aufklärung: Kann man Epoche und Brüche in der Historiographie der Aufklärung identifizieren? Welche Werke spielten dabei eine prägende Rolle? Man denke z. B. an Cassirers Philosophie der Aufklärung von 1932, in der der Autor am Vorabend der nationalsozialistischen Machtübernahme vorschlug, sich als Gesellschaft „wieder den hellen und klaren Spiegel“ vorzuhalten, den „die Aufklärungsepoche geschaffen hat“. Welche Rolle spielt die Aufklärung in der Historiographie des 18. Jahrhunderts, sowohl als Erbe, auf das man sich beruft, als auch als Ablehnungsform, sowohl seitens der Konservativen aber auch seitens der Kritischen Theorie und der Postmoderne?

Aufklärung und Europa: Welche Rolle spielt der Rückgriff auf die Aufklärung im Diskurs über Europa? Als Gründungsnarrativ der Moderne (Lottes 2011/ Todorov 2006/ Pagden 2013), oder als Ausdruck eines spezifischen europäischen Modells, das es zu relativieren (Conrad 2012), zu „provinzialisieren“ (Chakrabarty 2000) oder sogar abzulehnen (Mbembe 2013) gilt?

Re-Lektüren der Aufklärung in der Literatur, im Film und in den Künsten:

Wie wird die Aufklärung in der zeitgenössischen Literatur, aber auch im Film, auf der Bühne und sogar in der bildenden Kunst, einschließlich Karikaturen und Comics, aktualisiert und konzeptualisiert?

Bewerbung: Vorträge sind in deutscher, englischer und französischer Sprache willkommen. Nachwuchswissenschaftler und Nachwuchswissenschaftlerinnen werden ausdrücklich zur Bewerbung aufgefordert. Bitte senden Sie uns den Titel Ihres Vortrags verbunden mit einem Abstract (max. 3.000 Zeichen inkl. Leerzeichen) und einer bio-bibliographischen Notiz bis zum 30.11.2021 an folgende Mailadresse: senarclv@hu-berlin.de. Die Erstattung von Reise- und Unterkunftskosten durch Drittmittel ist vorgesehen. Nicht-Mitglieder der DGEJ entrichten eine Teilnahmegebühr von € 25, die zugleich die Pausenversorgung und den geplanten Empfang abdeckt.

Textes cités / Zitierte Literatur

Ernst Cassirer, Die Philosophie der Aufklärung, Tübingen 1932

Nicholas Cronk, “Voltaire on Capitol Hill: ‘Anyone who can make you believe absurdities can make you commit atrocities’”(blog: https://voltairefoundation.wordpress.com/2021/02/16)

Sebastian Conrad, “Enlightenment in Global History: A Historiographical Critique”, in: American Historical Review, October 2012, pp. 999-1027

Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe. Postcolonial Thought and Historial Difference, Princeton 2000

Jonathan C. D. Clark, „The Enlightenment: categories, traductions et objets sociaux“, in : Lumières 17/18, 2011

Michel Delon, Les Lumières. Travail d’une métaphore, in: Studies on Voltaire and the Eighteenth-Century, n.1552, Oxford (The Voltaire Foundation) 1976

Dan Edelstein, The Enlightenment, A Genealogy, Chicago, 2010

Daniel Fulda, „Gab es die Aufklärung? Einige geschichtstheoretische, begriffsgeschichtliche und schließlich programmatische Überlegungen anlässlich einer neuerlichen Kritik an unseren Epochenbegriffen“, in: Das Achtzehnte Jahrhundert 37 (2013), pp. 11-25

Vincenzo Ferrone, Il mondo dell’Illuminismo. Storia di una rivoluzione culturale, Torino 2019

Antoine Lilti, L’héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité, Paris 2019

Günther Lottes, „Die Geburt der europäischen Moderne aus dem Geist der Aufklärung“, in: Die Kunst der Aufklärung: Ausstellungskatalog, Beijing 2011

Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, Paris 2013

Anthony Pagden, The Enlightenment and why it still matters, Oxford 2013

Andreas Pečar, Damien Tricoire, Falsche Freunde. War die Aufklärung wirklich die Geburtsstunde der Moderne? Frankfort-am-Main 2015

Steven Pinker, Enlightenment now. The case for Reason, Science, Humanism and Progress, London 2018

Giuseppe Ricuperati, Historiographie et usages des Lumières, Berlin 2002

Franck Salaün, Jean-Pierre Schandeler, Enquêtes sur la construction des Lumières, Ferney-Voltaire 2018

Céline Spector, Les lumières avant les Lumières. Tribunal de la raison et opinion publique, in Révolution Française (mars 2009 : https://revolution-francaise.net/2009/03/01/299-les-lumieres-avant-les-lumieres-tribunal-de-la-raison-et-opinion-publique)

Tzvetan Todorov, L’esprit des Lumières, Paris (Robert Laffont) 2006 + du même:  Lumières. Un héritage pour demain (catalogue d’exposition à la Bibliothèque nationale de France) éd. avec Yann Fauchois, Thierry Grillet, Paris 2006

J. Kent Wright, “Narratives of Enlightenment”, in: James Schmidt and Aaron Garrett, Oxford Handbook of Enlightenment Philosophy, Oxford 2019

Carsten Zelle, “Im Licht der Vernunft? Zu Bild und Begriff der Aufklärung”, in: Diagonal. Zeitschrift der Universität Siegen, Jahrgang 2002, Heft 1, pp. 165-187



(Ré-)éditer Voltaire

Projet de livre collectif, dirigé par Linda Gil et Nicolas Morel

S’interroger sur les personnalités (éditeurs, imprimeurs, libraires, copistes, etc.) qui gravitent autour de la confection des ouvrages du patriarche ; sur les modalités de leur participation à la construction de ce geste éditorial ainsi que sur les aspects plus largement pratiques d’une édition des œuvres de Voltaire sont autant d’approches à envisager pour mettre au jour les mécanismes qui construisent sa réception. Cette question touche plus généralement aux réinvestissements posthumes de la philosophie des Lumières, et pose le problème de ce qu’est la « réception d’un auteur ». Catalogue de lectures influencées par l’air du temps ? Effort pour retrouver le « vrai Voltaire » ? Entre un relativisme peu fécond et un dogmatisme souvent hagiographique, ne s’agit-il pas tout simplement de constater l’écart entre chacune des représentations du patriarche et de son œuvre, pour mieux les interroger ?

Ce questionnement s’appuie sur des travaux actuels, qu’il s’agirait à la fois de regrouper afin d’en offrir une synthèse. Du point de vue éditorial, l’ouvrage de Linda Gil consacré à l’édition de Kehl (Champion, 2018) est le premier à poser les jalons d’une réflexion qui mêle histoire matérielle du texte, création éditoriale d’un corpus et fondation d’un mythe littéraire. Celui de Nicolas Morel, sur l’édition de Beuchot (Georg, 2020) prolonge cette recherche en l’appliquant au contexte de la Restauration et à l’affirmation d’un pouvoir auctorial de l’éditeur savant sur le texte. Plus près de nous, la thèse d’habilitation de François Jacob, soutenue en novembre 2018 et intitulée Voltaire après la nuit, étudie les réinvestissements de la figure de Voltaire entre 1944 et le début de l’aventure Besterman. Outre la session tenue à Edimbourg autour de « L’Identité de l’éditeur », un colloque intitulé « Controverses sur les Lumières », organisé à Rouen en mai 2019 (actes à paraître dans la revue Lumières) fait le point sur la polarisation de la réception des Lumières entre le milieu du XXe siècle et aujourd’hui. Enfin, l’aboutissement prochain de la grande entreprise oxonienne d’édition des œuvres complètes de Voltaire invite à se pencher sur le sens du geste éditorial.

Au croisement de l’étude des réceptions de Voltaire, de l’histoire de la littérature, de la sociologie littéraire ou encore de l’histoire de l’édition et de l’évolution de ses principes, cette étude doit aboutir à la publication d’un ouvrage collectif retraçant l’histoire des éditions de Voltaire. À partir du présupposé que tout acte éditorial dépasse le cadre de la simple restitution, il s’agit non seulement d’affirmer qu’aucune édition n’est neutre, mais surtout de mettre au jour les éléments textuels (spécificités philologiques, philosophiques, bibliographiques, etc…) et contextuels (professionnels, juridiques, économiques, etc…) qui influencent les acteurs de l’édition et qui concourent à l’élaboration des différents projets éditoriaux, à travers le temps. En définitive, il s’agit de comprendre comment chacune des éditions des œuvres de Voltaire, qu’elle soit complète ou choisie, dépasse son objet et dialogue avec son époque. Il s’agit enfin de montrer en quoi chacune de ces éditions est porteuse d’une certaine lecture de l’œuvre de Voltaire.

Initiée lors d’un colloque qui s’est tenu à Berne en mars 2018, et prolongée lors du Congrès de la SIEDS à Edimbourg (août 2019), cette réflexion sera complétée par un dernier volet. Sont attendus notamment – mais non exclusivement – des chapitres présentant une période ou une édition précise (en particulier entre la Troisième République et nos jours) ; des chapitres sur les éditions hors de France (Allemagne, Angleterre, Suisse, Italie, Russie ?) ; ou des chapitres qui reprennent les difficultés matérielles liées à la pratiques de l’édition, en particulier sous l’Ancien Régime.

Les propositions sont à soumettre aux éditeurs d’ici au 15 juin 2020, pour une remise des textes fin 2020.

Responsables : Linda Gil (linda.gil@univ-montp3.fr) et Nicolas Morel (nicolas.morel@rom.unibe.ch)

Appel à communication

Décolonialité et Lumières

Global18 n°2

La revue numérique transdisciplinaire Global18 publiera, en janvier 2021, un numéro thématique consacré aux relations entre décolonialité et Lumières. Dans le prolongement du volume publié par Daniel Carey and Lynn Festa en 2009 (The Postcolonial Enlightenment: Eighteenth-Century Colonialism and Postcolonial Theory, New York: Oxford University Press, 2009), ce numéro interrogera les représentations des Lumières diffusées par le discours décolonial. En ouvrant très largement le débat, l’objectif de ce numéro est de mieux comprendre la fonction et les enjeux des références aux Lumières dans les écrits des représentants de ce courant intellectuel. Les contributions pourront porter sur des figures majeures des études décoloniales, à commencer par celles d’Aníbal Quijano et d’Enrique Dussel, des questions récurrentes, comme celle de l’universalisme, ou encore sur des problèmes d’ordre méthodologique ou épistémologique.

Les propositions d’une page maximum, rédigées en français ou en anglais, devront nous parvenir avant le 30 juin 2020 à l’adresse suivante : franck.salaun@univ-montp3.fr

Call for papers

Decoloniality and Enlightenment

Global18 n° 2

The transdisciplinary digital review Global18 will publish, in January 2021, a thematic issue devoted to the relationships between decoloniality and Enlightenment. Following the volume published by Daniel Carey and Lynn Festa in 2009 (The Postcolonial Enlightenment: Eighteenth-Century Colonialism and Postcolonial Theory, New York: Oxford University Press, 2009), this issue will examine the representations of the Enlightenment disseminated by the decolonial theorie. By opening up the debate, the objective of this issue is to better understand the function and the challenges of references to the Enlightenment in the writings of representatives of this intellectual movement. Contributions may relate to major figures in decolonial studies, starting with Aníbal Quijano and Enrique Dussel, recurring questions, such as that of universalism, or even problems of a methodological or epistemological order.

Proposals of less than a page, written in French or in English, must be sent to franck.salaun@univ-montp3.fr

Deadline for submissions: June 30, 2020.

 

Appel à communication / Call for papers

Colloque international / International Conference

 

Congresso Internacional

ILUMINAR

O Marquês de Pombal e o Iluminismo em Portugal

The Marques of Pombal and the Age of Enlightenment in Portugal

Le marquis de Pombal et les Lumières au Portugal

Oeiras (Portugal), 15-16 octobre 2020

 

 

 

Controverses sur les Lumières (1945-2019)

Controversies about Enlightenment (1945-2019)

 

Rouen, les 23-24-25 avril 2019

Avec le soutien de l’ERIAC (EA 4705), du GRHis (EA 3831), du CEDRE (PSL), de l’IRCL (UMR 5186), du SPH (EA 4574), de l’ISP (UMR 7220)

Conférenciers/Keynote Speakers : Catherine Larrère (Paris I, Fondation de l’écologie), Daniel Roche (Collège de France)

Comité d’organisation/Organizing committee : Pierre Crétois (Université Bordeaux III, SPH), Jean-Numa Ducange (Université de Rouen, GRHis), Emmanuel Faye (Université Rouen Normandie, ERIAC), Christopher Hamel (Université Rouen Normandie, ERIAC / CEDRE), Christophe Miqueu (ESPE Université Bordeaux II, SPH), Nicolas Rialland (Université Rouen Normandie, ERIAC), Stéphanie Roza (IRCL, CNRS-Université Montpellier III), Franck Salaün (IRCL, CNRS-Montpellier III), Jean-Pierre Schandeler (IRCL, CNRS-Montpellier III), Arnault Skornicki (Paris X Nanterre)

Comité scientifique/Scientific committee : Bertrand Binoche (Paris I), Luigi Delia (Université de Genève), Dan Edelstein (Pennsylvania University), Girolamo Imbruglia (Università Napoli l’Orientale), Jonathan Israel (IAS), Margaret Jacob (UCLA), Antoine Lilti (EHESS), Jean Mondot (Bordeaux III), Cécile Révauger (Bordeaux III), Daniel Roche (Collège de France), Céline Spector (Université Paris IV)

[Version française / English version below]

Brandies comme un étendard ou accusées d’être la cause de tous les maux, les Lumières exacerbent les passions. Pour beaucoup synonymes d’émancipation, de combat pour la démocratie et les droits de l’Homme, elles se trouvent en même temps, depuis leur émergence, sous le feu de critiques nourries. La période contemporaine ne fait pas exception à la règle.

Depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, elles sont la cible d’objections plus ou moins radicales de la part des conservateurs : les critiques contre-révolutionnaires se perpétuent. Une des questions que l’on peut se poser à cet égard est de savoir si la critique conservatrice a fondamentalement évolué depuis ses premières formulations.

Mais dès l’après-guerre, les Lumières ont également été attaquées comme la matrice de la bonne conscience bourgeoise, qui recouvre de grands principes formels la réalité d’un Occident exploiteur et prédateur ; comme promouvant le triomphe d’une raison technicienne qui inverse le rapport des moyens et des fins (École de Francfort) ; ou encore, comme le faux-semblant humaniste de la société disciplinaire et du raffinement inédit des techniques de domination (Foucault).

Plus récemment, des mises en cause profondes sont venues des mondes académique, intellectuel et/ou militant centrant leurs analyses sur les problèmes de domination raciale et/ou sexuelle :  ainsi, la raison « impériale raciste », « blanche » ou « mâle » est supposée à l’œuvre dans les principes politiques, les mouvements ou partis, les textes se réclamant plus ou moins explicitement du projet humaniste et émancipateur formulé originellement par certains penseurs et acteurs des Lumières, puis de la Révolution française au XVIIIe siècle. Un tel projet se trouve assimilé à un dessein foncièrement impérialiste, néocolonial et oppresseur. Le plus souvent, la référence précise aux Lumières a même disparu de ces critiques aux yeux desquelles l’universalisme, le progressisme et le rationalisme auraient essentiellement cautionné la colonisation et l’esclavage, en étant le masque et l’alibi de la domination du monde blanc sur le reste du monde.

Cette critique radicale des Lumières peut être caractérisée comme anti-humaniste au sens où elle s’appuie sur une contestation de l’existence d’une nature humaine. L’homme universel de l’humanisme serait, en réalité, une construction occidentale moderne. Mais il existe aussi des critiques d’inspiration libérale du projet des Lumières, certaines demeurant dans le paradigme humaniste, comme  sous la plume d’Alain Renaut, (Un humanisme de la diversité : essai sur la décolonisation des identités, 2009) par exemple, d’autres cherchant au contraire à pointer les menaces que le modèle de l’émancipation rationnelle ferait peser sur la diversité de croyances et de pratiques assimilées à des formes d’hétéronomie, ainsi que sur l’indépassable pluralisme axiologique caractérisant les sociétés contemporaines (Galston, “Deux concepts du libéralisme”, 1995, trad. 2009; Berlin, “Deux concepts de la liberté”, 1958, trad. 1988).

Cet état de fait contemporain a quelque chose de paradoxal ; il relève à certains égards d’un renversement de perspective, dans la mesure où l’héritage des Lumières a souvent été revendiqué par des courants se réclamant de l’émancipation collective et de la lutte contre les dominations de tous ordres, et ce depuis la Révolution française.

D’autres critiques sont plus nuancées, tentant de faire le tri entre un « bon » héritage du XVIIIe siècle à conserver, et un « mauvais » dont il conviendrait de se débarrasser (par ex. Dufour, 2007 ou Le Devedec, 2015). Et dans la perspective inverse, « l’esprit des Lumières » comme essence de notre modernité, voire de tout projet de libération collective, continue d’être revendiqué par une pléiade d’auteurs, de Habermas à Todorov en passant par Sternhell. Dans tous les cas, on peut se demander jusqu’à quel point les Lumières elles-mêmes, leurs différentes expressions historiques, au premier rang desquelles la Déclaration des droits de l’Homme, ou même les concepts censés les représenter (universalisme, progressisme) sont bien définis et dans quel(s) sens ils sont mobilisés.

Les termes du débat et les interprétations semblent à présent tellement embrouillés que la question du droit d’inventaire, qui émerge dès 1789 avec l’éclatement de la Révolution française, se pose avec une acuité nouvelle. Toutefois, comme c’est le cas depuis 1789, le droit d’inventaire est inséparablement une affaire théorique et pratique, scientifique et politique.

Face aux difficultés et aux enjeux de la politique contemporaine, certains choisissent donc de défendre l’héritage des Lumières comme socle de valeurs essentielles pour le genre humain (cf. Les Anti-Lumières, Z. Sternhell, 2010;  Pour les Lumières, R. Darnton, 2002) ou comme défense d’un recours à l’examen rationnel (Lévy et Renou), voire comme seul support possible des émancipations encore à venir ; mais il leur faut affronter un certain nombre de problèmes, et notamment celui du dévoiement impérialiste de l’idéologie républicaine française aux XIXe et XXe siècles. D’autres, à l’inverse, rejettent cet héritage : encore leur faut-il identifier avec rigueur leur cible, les Lumières, et montrer le lien consubstantiel de ces dernières avec les dévoiements évoqués. D’autres encore prolongent la perspective conservatrice : il leur incombe néanmoins de parvenir à montrer la pertinence de leurs arguments, dans un monde qui semble par certains aspects s’éloigner toujours un peu plus des traditions dont ils se revendiquent.

Devant un tel champ de bataille, enfin, certains se demandent s’il ne vaudrait pas mieux tourner la page une fois pour toutes et passer à autre chose. Autre chose, mais quoi ? Cette question paraît d’autant plus urgente que les innombrables références aux Lumières paraissent supposer des réalités distinctes et incompatibles. Est-il temps d’en finir avec les Lumières ?

Cet appel s’adresse en particulier aux philosophes, historien·n·e·s, sociologues, politistes, et à l’ensemble des chercheuses et chercheurs intéressé·e·s par ces enjeux.

 

Les résumés devront compter entre 800 et 1000 mots. La date limite de soumission est le 15 novembre 2018. Les personnes ayant soumis une proposition seront averties des résultats de la sélection dans le courant du mois de janvier 2018. Les propositions doivent être envoyées à : colloquelumieres2019@gmail.com.

Axes :

1 / Un tableau du champ de bataille contemporain : où en est-on de la controverse à propos des Lumières ? Quels arguments sont mobilisés et quel est leur degré d’originalité ? Réception, réactivations : quels enjeux intellectuels et politiques dans le monde contemporain ?

– Lumières et révolutions : quels héritages dans les révoltes et révolutions contemporaines ? Quels refus d’un tel héritage ?

– Lumières, colonialisme et esclavage : un bilan rétrospectif

– Lumières et religions dans le monde contemporain

– Le républicanisme contemporain face au républicanisme des Lumières : critiques et controverses

2/ Enjeux historiographiques : quelle image des Lumières lit-on dans les différentes prises de position contemporaines ? Quelle est la part des Lumières historiques ? Des Lumières reconstruites voire fantasmées, qui occultent bien souvent les conflits et divisions internes du « siècle éclairé » ?

– Ambiguïté et polysémie de la notion de république, des Lumières à nos jours

– Lumières et traditions intellectuelles : marxisme, libéralisme, socialisme, républicanisme, écologie politique, anti-totalitarisme.

– Lumières, Aufklärung, Enlightenment, Illuminismo : quelles réceptions pour les spécificités nationales et les circulations intellectuelles ?

– Enjeux théoriques et idéologiques des découpages chronologiques

3/ Les Lumières sans la Révolution française ? : la question de l’héritage des Lumières a longtemps été incompréhensible sans prendre en compte le fait que pour la quasi-totalité des auteurs, les Lumières étaient envisagées comme la matrice philosophico-politique de la Révolution. Qu’en est-il aujourd’hui et avec quelles conséquences ?

4 / Les études postcoloniales et les Lumières : une incompatibilité radicale ?

5/ Sciences humaines : quelle image, quels usages des Lumières (référence, matrice méthodologique et/ou conceptuelle) ?

Langues de communication : français, anglais

[English Version]

Since the XVIIIth century, the Enlightenment has been the subject of a vast and raging debate. For some, it deals with emancipation, the fight for democracy and natural or human rights. But it is also violently contested by others on many grounds, and the contemporary period is no exception in this regard.

From early on in the XVIIIth century to nowadays, more or less radical arguments have been made against the Enlightenment by conservative thinkers: anti-revolutionary critics are still many and vociferous. One of the many questions we can raise is whether or not the conservative critics have really evolved since their first formulations?

But right after the Second World War, the Enlightenment was criticized as the main way for the bourgeois middle-class to ease its conscience. The Enlightenment is said to have concealed with great formal principles the true reality of the Western World’s exploitations and predations, or to have promoted a technical reason reversing means and end (Francfort School), or to have covered with a humanistic pretence a punishment society filled with sophisticated new domination techniques (Foucault).

Focusing on the racial and/or sexual domination issues, the academic, intellectual and/or activist worlds have more recently radically challenged the heritage of the Enlightenment. The “imperial and racist”, “white” or “male” reason is supposed to be at work in the political principles, movements or parties or in the texts that claim to draw – more or less explicitly – from the humanistic and emancipatory project that was originally defended by some thinkers and protagonists of the Enlightenment and taken up by the French Revolution during the XVIIIth century. Such a project is then interpreted as part of an imperialistic, neocolonial and oppressive plan. These criticisms often lack any precise account of, or reference to, the Enlightenment, because they hold that the very core of the movement was the domination of white people of the whole world and that universalism, progressism and rationalism were only a moral support for slavery and colonization.

This radical critique of the Enlightenment can be characterized as anti-humanistic in the sense that it contests the very the existence of human nature. The universal man of humanism would, in fact, be a modern Western construct. But there are also liberal-inspired critics of the Enlightenment project. Some of them remain in the humanist paradigm, such as the critique of Alain Renaut (2009). Others seek instead to point out to what extent the model of rational emancipation could be a threat to the the diversity of beliefs and practices assimilated to forms of heteronomy, as well as to the unsurpassed value pluralism characterizing contemporary societies (Galston, 1995, Berlin, 1958).

This contemporary situation is somehow paradoxical; in some respects, it is a reversal of perspective, since the legacy of the Enlightenment has often been claimed by currents aspiring to collective emancipation and struggling against domination of all kinds.

Other critics are more nuanced, trying to sort out a “good” legacy of the XVIIIth century that should be kept, and a “bad” one that should be discarded (e.g. Dufour, 2007 or Le Devedec, 2015). And in the opposite perspective, “the spirit of the Enlightenment” as the essence of our modernity, even of any project of collective liberation, continues to be claimed by a host of authors, from Habermas to Todorov via Sternhell. In any case, one may wonder to what extent the Enlightenment itself, its different historical expressions, first and foremost the Declaration of the Rights of Man and the Citizen, or even the concepts supposed to represent them (universalism, progressivism) are well defined and in which sense they are mobilized.

The terms of the debate seem now so confused that the question of a new reappraisal of the Enlightenment arises again. However, as it has been since 1789, this reappraisal is inseparably a theoretical, practical, scientific and a political issue. Faced with the difficulties and challenges of contemporary politics, some choose to defend the legacy of the Enlightenment as a base of essential values for humanity (like Todorov, Sternhell, Darnton). Some others regard the Enlightenment as a model for rational analysis (Lévy and Renou) or even as the best support for the emancipation struggles still to come. Even so, they must face the tricky problem of the imperialist perversion of the French republican ideology in the XIXth and XXth centuries. On the other hand, some (conservative or not) reject this legacy in attempting to identify their target and to disclose the consubstantial relationship between the Enlightenment and the above-mentioned perversions.

Facing this battlefield, lastly, some wonder if it would be better to put the Enlightenment behind us and to move on to something else. Something else, certainly, but what else exactly? Is it time to get over with the Enlightenment?

This call for papers is particularly addressed to philosophers, historians, sociologists, political scientists, and to all researchers who are interested in these issues.

Paper proposals should count between 800 and 1000 words and will be sent before November, 15 2018. Paper proposals will be examined by the scientific committee. Notifications of acceptance will be sent during January 2019. Paper proposals must be sent to : colloquelumieres2019@gmail.com.

 Themes and issues: 

1 / Mapping the contemporary ideological battlefield: topicality of the controversies on the Enlightenment. What kind of arguments are used and are they fundamentally original? What are the intellectual and political relevant issues for contemporary reception and reactivation?

– the Enlightenment and revolution: what are the legacies for contemporary revolts and revolutions? Why can such a legacy be approved or refused?

– Links between the Enlightenment, colonialism and slavery.

– The Enlightenment and religions in the contemporary world

– Contemporary republicanism versus republicanism of the Enlightenment: criticisms and controversies

2/ Historiographical issues: What sort of representation of Enlightenment can be seen in the various contemporary stances? Where does the historical Enlightenment lie? Does this rearranged or fantasical Enlightenment cover up the internal conflicts and divisions of the enlightened century?

– Ambiguity and polysemy of the concept of republic from Enlightenment to nowadays

– Enlightenment and intellectual traditions: marxism, liberalism, socialism, republicanism, political ecology, anti-totalitarianism

Lumières, Aufklärung, Enlightenment, Illuminismo: what are the various national specificities and how do they interact?

– Theoretical and ideological issues derived from the chronological delimitation.

3 / The Enlightenment without the French Revolution?: the question of the legacy of the Enlightenment has long been incomprehensible without taking into account the fact that for almost all authors, the Enlightenment was considered as the philosophical-political matrix of the Revolution. What is still the case today and with what consequences?

4 / Postcolonial studies and the Enlightenment: a radical incompatibility?

5/ Human sciences: what are the images and uses of the Enlightenment (references, methodological or conceptual paradigm)?

Languages of communication: French and English