PRÉSENTATION DU TEXTE
LEXIQUE
PRINCIPALES QUESTIONS / PROBLÉMATIQUES
Exercice n°1
Pensées sur l’interprétation de la nature
LVIII. QUESTIONS
Il n’y a qu’une manière possible d’être homogène. Il y a une infinité de manières différentes possibles d’être hétérogène. Il me paraît aussi impossible que tous les êtres de la Nature aient été produits avec une matière parfaitement homogène, qu’il le serait de les représenter avec une seule et même couleur. Je crois même entrevoir que la diversité des phénomènes ne peut être le résultat d’une hétérogénéité quelconque. J’appellerai donc éléments, les différentes matières hétérogènes, nécessaires pour la production générale des phénomènes de la Nature ; et j’appellerai la Nature, le résultat général actuel, ou les résultats généraux successifs de la combinaison des éléments. Les éléments doivent avoir des différences essentielles ; sans quoi tout aurait pu naître de l’homogénéité, puisque tout y pourrait retourner. Il est, il a été, ou il sera une combinaison naturelle ou une combinaison artificielle dans laquelle un élément est, a été ou sera porté à sa plus grande division possible. La molécule d’un élément dans cet état de division dernière est indivisible d’une indivisibilité absolue, puisqu’une division ultérieure de cette molécule étant hors des lois de la nature et au-delà des forces de l’art, n’est plus qu’intelligible. L’état de division dernière possible dans la Nature ou par l’art n’étant pas le même, selon toute apparence, pour des matières essentiellement hétérogènes, il s’ensuit qu’il y a des molécules essentiellement différentes en masse et toutefois absolument indivisibles en elles-mêmes. Combien y a-t-il de matières essentiellement hétérogènes, ou élémentaires ? nous l’ignorons. Quelles sont les différences essentielles des matières que nous regardons comme absolument hétérogènes ou élémentaires ? nous l’ignorons. Jusqu’où la division d’une matière élémentaire est-elle portée, soit dans les productions de l’art, soit dans les ouvrages de la nature ; nous l’ignorons. Etc., etc., etc. J’ai joint les combinaisons de l’art à celles de la Nature, parce qu’entre une infinité de faits que nous ignorons, et que nous ne saurons jamais, il en est un qui nous est encore caché ; savoir, si la division d’une matière élémentaire n’a point été, n’est point ou ne sera pas portée plus loin dans quelque opération de l’art, qu’elle ne l’a été, ne l’est, et ne le sera dans aucune combinaison de la nature abandonnée à elle-même.