NISUS

Ce terme latin signifie « effort ». Le nisus = l’effort.

« in nisu » = caractérisé par l’effort sous l’apparence du repos. Le nisus se manifeste par le repos et la résistance au mouvement : ce repos n’est donc pas une absence de force, mais une tendance au mouvement ou « énergie potentielle » (J. Mayer, p. 196). Les termes sont trompeurs, car « force inerte » semble vouloir dire sans vie, alors qu’il s’agit plutôt d’un mouvement retenu, en attente…

Diderot a pu emprunter le terme nisus à Hobbes (voir « Hobbisme », Encyclopédie), mais, comme le rappelle d’Holbach il était d’un emploi courant chez les « physiciens » (Holbach).

Système de la Nature : « […] le nisus, c’est-à-dire […] les efforts continuels que font les uns sur les autres des corps qui paraissent d’ailleurs jouir du repos ».

Pourquoi ce terme est-il intéressant aux yeux de Diderot ? Parce qu’il permet de répondre à certaines difficultés concernant le nature du mouvement et l’opposition traditionnelle (nota. cartésienne) entre mouvement et repos. Pour le dire autrement, le repos n’est qu’apparent : les corps sont en mouvement (ou en déplacement, en translation) ou tendent vers le mouvement (nisus). Comme le rappelle Jean Mayer, cela correspond à l’opposition entre force inerte et force vive, ou entre nisus et translation (p. 196).

Diderot s’appuie sur le concept de nisus pour réfuter la thèse cartésienne (et aussi la position de Rousseau qui reprend la thèse cartésienne dans « La profession de foi du Vicaire savoyard », Émile) , démontrer la supériorité de l’explication expérimentale (chimie, physiologie) par rapport à l’explication mathématique (voir Pensées sur l’Interprétation de la Nature).

Sources :

Descartes, Principes de la philosophie.

Diderot, Principes philosophiques sur la matière et le mouvement, Pléiade, p. 447, 449.

Diderot, « Hobbisme ».

Holbach, Système de la Nature.

Rousseau, Émile.

Belaval, Yvon, « Note sur Diderot et Leibniz » (1963), repris dans Études sur Diderot, 2003.

Chouillet, Jacques, Diderot, poète de l’énergie, 1984, p. 55.

Mayer, Jean, Diderot, homme de science…

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