PRÉSENTATION DU TEXTE
Pas de manuscrit. La datation (1770) est hypothétique. La première édition est celle de Naigeon (ami, collaborateur, disciple de D., et éditeur de l’édition posthume de ses œuvres) dans l’article « Diderot » de l’Encyclopédie méthodique (Philosophie ancienne et moderne, 1792) où il est présenté de la façon suivante : « Cet écrit n’a jamais été imprimé ; une dissertation publiée en 1770, par un anonyme, en a été l’occasion. Un ami de l’auteur, et qui l’était aussi de Diderot, le pria d’examiner cette dissertation, et de lui en dire franchement son avis. Cet examen a produit les réflexions qu’on va lire. On y reconnaît surtout combien l’étude de la chimie dont Diderot s’était occupé pendant plusieurs années avec cette aptitude qu’il avait pour toutes les sciences, lui avait été utile. Les applications heureuses qu’il a su faire depuis de ces connaissances si nécessaires, et sans lesquelles il ne peut y avoir ni bonne physique ni bonne philosophie, font regretter qu’il n’ait pas pris plus tôt les leçons de Rouelle. C’est dans le laboratoire de ce grand chimiste qu’il aurait trouvé la réponse à la plupart des questions qui terminent ses Pensées sur l’interprétation de la nature, ou plutôt il ne les aurait jamais proposées ; car une grande partie de ces doutes, si difficiles à éclaircir par la métaphysique même la plus hardie, se résolvent facilement par la chimie. »
Naigeon a réédité ce texte dans le volume des Œuvres de Diderot (1798).
Dans la perspective de l’agrégation, ce texte est intéressant pour plusieurs raisons :
– contrairement aux autres textes au programme, il n’a pas fait l’objet de choix formels particuliers (dialogue, fiction, pensées, etc.), il se rapproche cependant de la dissertation, du compte rendu, et, en dernière analyse, c’est avant tout une réfutation (à cet égard un rapprochement avec la Réfutation d’Helvétius est aussi possible) ;
– l’expression y est dense et précise, ce qui permet à la fois de repérer des thèses et un lexique mobilisables dans un commentaire portant sur d’autres textes (en particulier les Pensées sur l’interprétation de la nature et Le Rêve de D’Alembert) ;
– on peut y voir une synthèse du matérialisme de D. sur le plan physico-chimique (l’orientation chimique et médicale s’accentuera pas la suite, comme le montrent les Éléments de physiologie).
Attention, la genèse racontée par Naigeon n’est pas vérifiée (s’agit-il vraiment d’une réaction à un texte ? pas sûr, mais c’est vraisemblable, car des thèses sont examinées et réfutées, le texte pourrait aussi s’inscrire dans un débat plus large, par exemple une question scientifique posée par une académie ou un périodique…). Par ailleurs, son point de vue sur les réponses fournies par la chimie doit être nuancée, car certaines des questions évoquées à la fin des Pensées sur l’interprétation ont de très larges implications que la chimie ne suffit pas à épuiser…
Les chercheurs ont proposé des rapprochements avec
– les Letters to Serena (1704), de John Toland. Le texte avait été traduit par un proche de Diderot, d’Holbach, en 1768, sous le titre Lettres philosophiques sur l’origine des préjugés, du dogme de l’immortalité de l’âme, de l’idolâtrie et de la superstition ; sur le système de Spinoza et sur l’origine du mouvement dans la matière.
– le Système de la nature (anonyme, d’Holbach). Diderot a aidé l’auteur (il a relu son texte et ils en ont parlé).
Par ailleurs, on tiendra compte des thèses de Descartes, de Hobbes et de Newton, ainsi que de concepts d’origine leibnizienne (voir plus bas, LEXIQUE). Un dialogue indirect avec Rousseau est aussi probable, comme le confirme une comparaison avec « La Profession de foi du Vicaire savoyard » (Émile).
Notices
éd. Garnier (P. Vernière) éd. Pléiade (B. de Négroni) éd. DPV (M. Delon) éd. Bouquins (L. Versini) Dictionnaire Diderot
LEXIQUE
Nisus*
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